Anatomie du bas couture
S'il y a bien un accessoire qui m'évoquait de suite le fantasme d'une Marilyn ou d'une Marlene Dietrich, c'est bien le bas couture... D'abord un peu d'anatomie, afin de découvrir ses délicieux secrets, et ces petits détails qui font tout leur charme!
Avec cette façon subtile mais délicate qu'ils ont de faire remonter le regard le long de la jambe jusqu'à une apothéose, on pourrait les croire tirés d'une imagination fétichiste et voués à la seule esthétique. Mais il n'en est rien, car chacun répond d'abord à une contraite particulière : pas ou peu extensibles et réalisés sur des machines tissant à plat, les bas devaient avoir les proportions nécessaires pour épouser la jambe, avant de recevoir un remaillage derrière le mollet et la cuisse ainsi que la fameuse couture, afin de les fermer. Les bas couture de l'époque, à part quelques exceptions, présentent donc de petits picots de remaillage le long de la couture, destinés à ajuster au mieux le bas à la jambe; le keyhole, en français oeillet ou trou de serrure, devait donner un peu de marge à ces bas peu extensibles. Le talon contrastant renforce le pied soumis aux frottements et aux tensions, de la pointe à l'arrière de la cheville, et le revers, où le nylon s'épaissit (welt sur l'illustration) permet de fixer les jarretelles sans crainte tout en finissant le bas, comme l'ourlet de tout vêtement cousu - le shadow welt comporte d'ailleurs une autre couture, celle qui fixe ce large ourlet de finition.
Voici ces fameux points de diminution, qui forment de petits picots derrière le mollet et la cuisse :
Le revers porte généralement le logo du fabricant, imprimé en finition; on pouvait également y fixer une petite étiquette de papier, précisant la taille, le prix, la référence ou le fabricant du bas.
Ici, le shadow welt porte également l'inscription "60" dans son tissage; ce chiffre correspond à la finesse du tissage :
Le shadow welt peut être décoré d'un tissage fantaisie : frises à motifs, ou lignes contrastantes, parfois "typiques" d'un fabricant.
Le talon se présente le plus souvent sous deux variantes : - Le talon pyramidal, ou french heel, surtout répandu en Europe. Il se termine en pointe en rejoignant la couture. - Le talon cubain, largement distribué outre-Atlantique, qui forme un "carré".
Plus rares, il y a également les talons Havana, variante plus épaisse du talon cubain, et le talon Manhattan, à la pointe "diamant" semblant mêler les précédents, et au pied surligné. Il tient son nom de sa forme rappelant celle de l'Empire State Building.
La fin de la seconde guerre mondiale surtout a donné lieu à une grande créativité en la matière : talon coloré, contrastant, surligné, décoré...
Vous aurez compris ma préférence absolue pour les bas couture vintage; j'ai néanmoins de plus en plus tendance à les considérer comme des reliques ou des pièces en tous cas très précieuses, que j'essaie donc de préserver en cherchant des alternatives convenables parmi les productions modernes.
Bas Fully-Fashioned
C'est ainsi que l'on identifie les bas à l'ancienne, tissés à plat et nécessitant tous ces détails caractéristiques : couture réelle, picots de diminution, talon contrastant et renforcé, oeillet et revers. Quelques fabricants utilisent encore ces anciennes machines, extrêmement encombrantes, compliquées d'entretien et à la production très lente, ce qui explique les différences de prix. Voici quelques boutiques où retrouver leurs bas "à l'ancienne" :
Marque préférée de Dita von Teese, Secrets in Lace est sans doute la référence en matière de bas couture "façon vintage", en nylon et fully fashioned. Vous y trouverez bas avec ou sans couture, talon pyramidal ou cubain, et bien sûr la collection Dita, ainsi que des variations rares telles que ces bas à couture "diamant"; les prix reflètent cette qualité et ce souci du détail...
Les couture modernes et "fantaisie"
Les grandes marques telles que LeBourget ou Chantal Thomass proposent bien sûr des imitations de bas couture, mais qui restent des bas modernes, circulaires, sur lesquels la couture n'est qu'un zigzag rajouté. Ils ne sont pas moins chers, pas plus confortables car leur élasticité serre la jambe, il arrive qu'ils grattent, et surtout le rendu visuel n'a rien à voir avec celui d'un bas nylon qui pose un voile uni sur la jambe pour la sublimer, alors que les bas stretch sont toujours plus épais, avec des variations d'opacité peu flatteuses.